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Bébé dormant

Le sommeil

Les bases de la confiance

Réjouissez-vous, votre enfant a de grandes compétences, et ce, dès le début de sa vie. Sa capacité à s'endormir seul va dépendre de paramètres très variés, et l'un des principaux, c'est vous ! En effet, votre bébé s'adaptera beaucoup à vous, c'est avant tout une question de survie. De façon très subtile et assez remarquable, il faut le dire, il fera peu à peu en fonction de ses compétences propres, mais aussi en fonction de vos limites et de vos ressources personnelles. Et en cela, il est particulièrement compétent !

Bien évidemment, la complexité et la richesse des relations humaines amènent à aller plus loin dans la compréhension de cet ajustement primaire, lié à une multitude de facteurs tous plus subjectifs et variés les uns que les autres : par exemple, la façon dont s'est déroulée la naissance, et comment a été vécue cette première séparation ; comment l'enfant a-t-il été conçu, si cela a-t-il été long, laborieux, angoissant, ou au contraire très spontané et simple ; quel type de grossesse le couple a-t-il vécu et quelles sont les relations qui se sont établies autour de l'arrivée de l'enfant, entre les parents mais aussi avec les proches respectifs ; quelle place chacun a-t-il fait à l'autre, aux autres ; celle que chacun a pris, et prend aujourd'hui ; si cela a été facile, évident, ou source de tensions. Il y a aussi le rapport de chacun à la maternité, la paternité, la parentalité ; le rôle que joue la culture de chaque parent dans toute cette construction, si elle s'inclue dans une ou plusieurs autres cultures qui n'offrent pas toujours les mêmes repères ; le type d'environnement dans lequel les parents évoluent et qui peut être soutenant, accueillant, respectueux, ou à l'inverse envahissant, oppressant, inquiétant, isolant...

Nous pourrions continuer longtemps à explorer les différentes pistes de compréhension qui viennent plus ou moins subtilement impacter la relation avec nos tout-petits, et donc la mise en place de leurs rythmes de sommeil. En effet, nous sommes face à une richesse et une variété infinies de facteurs. Et les enfants arrivent ainsi dans un environnement unique (leur environnement, leur famille) plus ou moins autorisés à se laisser aller, à s'endormir seuls, à lâcher prise en toute confiance, pour s'autonomiser peu à peu. 

En fonction du contexte, un enfant répondra plus ou moins à ce qu'il perçoit comme des attentes, voire des injonctions - conscientes ou inconscientes - de la part de ses parents. Ainsi, un parent inquiet, traversé par des peurs, des angoisses, ou en difficulté pour faire face à cette première séparation physique et psychique, pourra, sans le vouloir, inviter son bébé à le rassurer. Cela pourra se traduire du côté de l'enfant par une hypervigilance, qui se manifestera notamment à travers le sommeil. Dans ce cas, il aura souvent des difficultés à s'endormir sereinement, de façon autonome. Pour rassurer son parent, il lui témoignera, à travers ses difficultés, du rôle indispensable qu'il tient dans ce processus de lâcher-prise que requiert le sommeil. Les choses s'inversent alors, l'enfant devenant celui qui rassure et restaure son parent, à son propre détriment si cela perdure. En effet, si cette dynamique s'installe durablement, l'enfant peut, au-delà du sommeil, en venir à sacrifier son désir naturel d'autonomie, son appétence pour le monde, le nouveau, la découverte des autres. 

A l'inverse, lorsqu'un équilibre relationnel plus propice à l'autonomie se créé, les compétences du tout-petit seront souvent le support sur lequel l'autonomisation prendra tout son sens. Ce petit être, au début très dépendant des adultes qui l'entourent, aura alors peu à peu l'autorisation de devenir une personne autonome, indépendante et libre de ses choix, à travers ce que ses parents lui renvoient : la rassurante idée qu'il possède tout ce qu'il faut pour réussir, notamment à s'endormir et à passer ce moment de séparation sans inquiétude.

L'autonomie et la confiance en soi sont des clés de l'épanouissement de l'être humain. Au fil de son développement, le bébé percevra peu à peu que, non seulement, il est soutenu dans son désir naturel d'autonomie, mais qu'en plus, ses parents et tous ceux qui s'occupent de lui ont aussi d'autres sujets de plaisir, de préoccupation, d'intérêt, qui font d'eux des êtres autonomes et libres, auxquels il pourra s'identifier pour se construire.

La "fusion" généralement présente au cours de la grossesse et qui perdure souvent au tout début de la vie extra-utérine, ne doit pas s'éterniser outre-mesure, au risque de devenir aliénante. Être "collé" à un autre ne permet pas de devenir soi-même. Ou alors cela peut se faire plus tard, en général au prix d'une "défusion" qui peut donner lieu à un sentiment d'arrachage, coûteux et douloureux. 

Les compétences de nos enfants sont grandes pour s'adapter et se développer au mieux en fonction de leur environnement et de nos propres capacités. Mais elles ne les protègent pas de toutes nos défaillances, bien humaines, et même souvent salutaires pour l'établissement de relations suffisamment bonnes. Au-delà de ces "défauts" que nous avons tous à différents niveaux, nous avons également des compétences souvent insoupçonnées. Et nous sommes tous différents et uniques face à ces questions. Certains parents verront cette nécessaire séparation et cet accompagnement vers l'autonomie de leurs enfants comme une évidence, pas pour autant toujours facile et agréable à vivre. Mais elle apparaîtra comme essentielle, vitale. D'autres percevront plus ou moins clairement que quelque chose ne les satisfait pas dans l'équilibre relationnel intrafamilial ou dans la façon dont se développe un enfant, sans vraiment parvenir à aller plus loin. D'autres encore seront trop pris dans leur propre histoire pour réussir à s'en dégager et laisser leurs enfants construire la leur. Il n'y a pas de jugement à porter à cela. Tout dépend de nos parcours, de la façon dont nous avons nous-mêmes été guidés, accompagnés sur le chemin de notre vie. Quelques soient les débuts de l’existence d'un tout-petit, ce qui compte avant tout, c'est de quelle façon ses parents réussiront à trouver suffisamment de ressources pour "faire au mieux" pour lui ; et c'est donc aussi la capacité parentale à demander de l'aide si besoin, en gardant à l'esprit l'intérêt de l'enfant. Dans nombre de situations, les solutions apparaissent assez naturellement, souvent en tâtonnant, et grâce à la créativité commune entre parents et enfants. Mais parfois ces solutions restent inaccessibles à la conscience, pour des raisons encore une fois extrêmement subjectives. 

C'est là toute la magie - ou le drame - des relations humaines. Tout dépend de comment on envisage leurs potentialités.

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 © 2020 Raphaëlle Déliat

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